MEKTOUB MY LOVE : CANTO UNO
Mektoub my love : canto uno
© PATHÉ DISTRIBUTION
Le verset biblique et la sourate coranique sur le thème de la lumière, œillade aux religions dominantes de la France et de la Tunisie, pays qui ont conféré sa double nationalité au réalisateur, constituent un prologue à l'herméneutique plurielle. L'on pourra y voir, entre autres, un détournement et une subversion de la part du réalisateur : la religion apparaît ici humaine et charnelle.
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Amin, jeune homme d'une vingtaine d'années, revient pour la période estivale de l'année 1994, à Sète, parmi les siens, après avoir étudié la médecine à Paris durant deux ans. Il nous incorpore au sein de sa famille et de ses amis, dans laquelle l'on retient particulièrement son cousin Tony, séducteur invétéré et son amie d'enfance, Ophélie. L'on fait également la connaissance, dans le même temps que lui, de Charlotte et de Céline, deux vacancières, respectivement en école de commerce et en école de danse. L'été bat son plein entre le soleil - dont les rayons caressent régulièrement la caméra et, corollairement, notre regard - la plage, les soirées au restaurant de spécialités tunisiennes de sa famille, dans les bars, dans les boîtes de nuit et même au cœur d'une bergerie.
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Librement inspiré de La Blessure la vraie de François Bégaudeau, ce long-métrage au scénario presque inexistant s'inscrit dans la veine naturaliste, s'érigeant en captation de l'esprit estival et festif, où la bande sonore, entre classique et années 80, tantôt nous surprend, tantôt nous euphorise ; où la chair sublimée nous happe et où jeunesse rime avec allégresse. Malgré la superficialité des dialogues, notamment lors du premier échange entre Amin et Ophélie, l'on savoure ce marivaudage contemporain sur fond franco-tunisien, sans s'en lasser. Le personnage d'Amin, dont l'on se demande souvent s'il n'est pas le double du réalisateur, au moins sur quelques points, attise notre curiosité et notre sympathie, entre sa fascination pour la gent féminine, doublée de son respect à son égard et sublimée par les arts - apprenti scénariste et apprenti photographe obligent. A l'instar d'Hérode devant Salomé, Céline hypnotise par une danse riche en sensualité.
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Le dénouement surprend, le réalisateur s'amusant à déjouer nos attentes de spectateur. C'est en tous cas ensoleillé et vivifié que l'on sort de cette œuvre diaphane, en rêvant déjà à sa suite.★★★★☆
Mektoub My Love : Canto Uno – réalisé par Abdellatif Kechiche – 2h54min – Version originale en français (avec quelques mots en anglais) - sortie officielle le 21 mars 2018.
Bande-annonce officielle :