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LA DOULEUR


La Douleur

© LES FILMS DU LOSANGE

Le premier plan s'ouvre sur une partie du visage de Marguerite, entre lumière et obscurité. La voix hors champ, traduisant son intériorité, se fait entendre dès lors et parsèmera l'intégralité du long-métrage. Marguerite, de son appartement parisien, attend de savoir ce qu'est devenu son époux, Robert Antelme. Une analepse survient alors, nous menant en juin 1944.


© LES FILMS DU LOSANGE


Résistant, Robert Antelme, jeune homme de vingt-sept ans, a été arrêté quelques jours auparavant. Marguerite apporte un colis à son adresse, contenant quelques vêtements propres, au relais de poste. Elle y rencontre l'homme qui a arrêté ce dernier, un agent français de la Gestapo, Pierre Rabier - alias Charles Duval - et entame une relation peu commune avec lui. Presque chaque jour, ils se retrouvent en des lieux différents de manière inopinée, malgré leur appartenance à deux milieux antagonistes - la résistance et la collaboration. Chacun voit en l'autre la réalisation de ses fantasmes : rester lié à son époux et tenter de le sauver, pour l'une ; côtoyer une écrivaine, pour l'autre, lequel rêve d'ouvrir une librairie d'art, une fois la guerre achevée. Le scrutement de cette relation ambiguë révèle à la fois une inconsidération, sinon une exécration, mais, peu à peu, également un certain attachement.


© LES FILMS DU LOSANGE


S'ensuit la fin de la guerre et l'interminable, sinon insupportable, attente du retour, où une myriade de névroses s'accroissent en une Marguerite fiévreuse, fumant sans cesse, tantôt apeurée, tantôt honteuse d'être en vie et qui, dans le même temps, semble se complaire dans cet état. Parallèlement, son amour pour Dyonis Mascolo est de plus en plus vif, même si elle ne se l'avoue pas.


© LES FILMS DU LOSANGE

Récompensé par le Chabrol d'or de la meilleure adaptation et le Chabrol d'or du Jury du Festival du Film du Croisic 2017, d'une part, et Prix du Film d'Histoire - Fiction (Prix du Jury Professionnel) du Festival International du Film d'Histoire 2017, Emmanuel Finkiel signe une adaptation aussi loyale que pénétrante de l'œuvre de Marguerite Duras, notamment par sa juste restitution du ressassement durassien et sa distanciation - souvent marquée par un dédoublement de Marguerite.


Malgré un lien trop ténu entre les deux parties de ce diptyque, quelques longueurs et le fait d'éluder une partie de l'horreur - parfois trop imperceptiblement suggérée -, l'impression générale est au bouleversement. C'est, par ailleurs, une grande grâce que de voir Mélanie Thierry ranimer Marguerite Duras, promenant toujours d'élégantes tenues. Le dénouement, abreuvé de lumière, est une splendeur, tant visuelle qu'auditive : « Je savais qu'il savait, qu'il savait qu'à chaque heure de chaque jour, je le pensais : 'Il n'est pas mort au camp de concentration' ». ★★★★☆

La Douleur – réalisé par Emmanuel Finkiel – 2h06min – Version originale en français - sortie officielle le 24 janvier 2018.


Bande-annonce officielle :


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