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TÉHÉRAN TABOU


Téhéran Tabou

© ARP SÉLECTION

Long-métrage réalisé en rotoscopie, le graphisme épuré aux couleurs vives des images contraste aussitôt avec la rudesse du récit. En effet, le réalisateur livre le portrait d'une société iranienne faisandée et suffocante par le biais de quelques personnages, notamment féminins, que le destin lie. Une jeune femme, contrainte de se prostituer à la suite de l'incarcération de son époux drogué, datant de près de deux ans, lutte pour sa survie et celle de son fils de cinq ans, Elias qui, muet, se révèle la métaphore de la jeunesse interdite.


© CAMINO FILMVERLEIH / LITTLE DREAM ENTERTAINMENT


A la suite de leur établissement dans un appartement en haut d'un immeuble aux innombrables étages, l'on rencontre leur nouvelle voisine - jeune femme dont la douceur et la mansuétude la rende très attachante -, laquelle s'adonne à une vie ménagère sous le regard vigilant d'une belle-mère ignorante, d'un beau-père diabétique et d'un époux dont la seule préoccupation semble l'attente de la naissance de leur enfant. Si elle aspire à enseigner, afin de se rendre utile, selon ses termes, son époux renâcle à lui donner son consentement lui assénant que son salaire leur suffit amplement.


© CAMINO FILMVERLEIH / LITTLE DREAM ENTERTAINMENT


Non loin de là, dans un immeuble analogue, un jeune homme, épris de musique, tente de faire reconnaître ses idées créatrices. Essuyant sa déconvenue lors d'une soirée dansante avec une jeune femme, les contraintes sociétales se manifestent encore plus rudes, aussi bien pour lui que pour elle, au lendemain de cette fugace illusion de liberté.


© CAMINO FILMVERLEIH / LITTLE DREAM ENTERTAINMENT


Présenté à la Semaine de la Critique de Cannes 2017, ce long-métrage, aussi engagé que poétique, incarne le contraire de ce qu'il donne à voir : une assomption exigeant l'avènement de l'intégrité et, corollairement, de la liberté. Entrelaçant des destins entravés, où chacun réclame différemment mais avec la même ardeur le droit à l'affranchissement, l'humanité elle-même finit par expirer. L'ultime métaphore, consistant en la chute de l'oiseau tombant sous les coups de la calomnie, résonne comme la commémoration quotidienne d'une liberté molestée dont les protecteurs, malgré leur adresse et leur hardiesse, pourraient tous succomber à la détresse si rien ne change. A moins que le spectateur sollicité ne fasse cette cause sienne car à l'image des dires de Simone de Beauvoir : « Se vouloir libre, c’est aussi vouloir les autres libres. » ★★★★☆


Téhéran Tabou – réalisé par Ali Soozandeh – 1h36min – Version originale en farsi - sortie officielle le 4 octobre 2017.

Bande-annonce officielle :

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