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FAUTE D'AMOUR


Faute d'amour

© PYRAMIDE DISTRIBUTION

Si l'on considère ce long-métrage à l'aune de son titre, l'on peut d'ores et déjà affirmer que ce dernier l'illustre à la perfection. Il est assurément à entendre au sens de la privation d'amour.


Aliocha Slepstov, garçon âgé de douze ans, nous mène chez lui en rentrant de l'école, après une courte flânerie. L'on apprend sans tarder que l'appartement est en vente en raison du divorce de sa mère, Genia, et de son père, Boris - par ailleurs, jamais nommés par leur prénom.


© PYRAMIDE DISTRIBUTION

Cette dernière, privée d'amour et brimée dès l'enfance, apparaît aussi rude et blessante que violente tandis que ce dernier se montre apathique, ne semblant soucieux que de la perte éventuelle de son emploi en raison de la pression orthodoxe de l'entreprise, laquelle n'admet pas le divorce. Toutefois, chacun d'entre eux s'est déjà préparé à débuter une vie différente. Genia fréquente un homme qui semble tendre, mais qui souffre lui-même de solitude, et qui lui déclare ce qui peut être considéré comme la morale de ce long-métrage - « On ne peut vivre sans amour. » -, tandis que Boris fréquente une jeune fille aimante, enceinte, mais angoissée - à juste titre - qu'il ne l'abandonne. Témoin cette scène où elle lui confie ses appréhensions craignant que ses paroles ne soient futiles, sinon feintes, tandis que l'on découvre peu de temps après qu'elles avaient été dites antérieurement à son épouse d'alors.


© PYRAMIDE DISTRIBUTION


Néanmoins, la disparition précipitée d'Aliocha accentue l'atmosphère accablante. Notre effroi croît lorsque l'on comprend que retrouver leur fils ne constitue pour Genia et Boris qu'un tourment de plus, sinon une aubaine pour s'en affranchir - malgré leur mauvaise conscience, révélée différemment. A cela s'ajoute la déploration de la représentation du corps policier - et plus largement de l'administration -, celle-ci enjoignant vivement Genia à joindre une association citoyenne formée de bénévoles faisant les tâches qu'il devrait accomplir lui-même.


© ALPENREPUBLIK


Ainsi, le récit brosse un portrait en creux de la vie saisissant et se révèle d'une noirceur sans précédent. L'obscurité des plans, les paysages enneigés - lesquels sont empreints de tristesse -, les visages moroses des personnages, sans compter les insultes qu'ils s'adressent et la frénésie ou les pleurs qui en résultent, y concourent. La symétrie appuie, quant à elle, la frigidité implacable du cadrage. De ce fait, l'absence absolue d'amour, sinon de tendresse, apparaît très vive.


Récompensé par le Grand prix du Jury du Festival de Cannes 2017, ce long-métrage donne à voir une Russie qui agonise - métaphorisée par Genia se dépensant sur un tapis de course, sur le balcon de la maison de son nouveau compagnon, avec un chandail à manches longues sur lequel est mis en évidence le nom de son pays, « Russia », et qui s'essouffle.


La dernière image rend le spectateur exégète, aussi esseulé que les personnages. Effectivement, Aliocha n'ayant jamais été retrouvé, l'on peut se demander si la bande blanche et rouge qui s'agite dans le ciel bleu n'indique pas que son âme y repose désormais. Ce dernier, symbole de l'humanité en raison de son jeune âge et de l'attribution d'un prénom que l'on connaît, s'est vite évanoui.


Critique des plus acerbes à l'égard de nos sociétés inhumaines, où lenteur et mutisme mettent en scène les maux, tonne l'ultime appel au secours du réalisateur - notamment dans au moins deux scènes criantes d'effroi. Ce constat manichéen n'expose toutefois aucun remède à la situation dépeinte et finalement, le déclin de l'Occident demeure peut-être précisément dans cette absence de ravivement. ★★☆☆☆


Faute d'amour – réalisé par Andreï Zviaguintsev – 2h08min – Version originale en russe - sortie officielle le 20 septembre 2017.


Bande-annonce officielle :

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