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LE REDOUTABLE


Le Redoutable

© STUDIOCANAL

Le récit s'engage, dès les premiers instants, aux côtés de Jean-Luc Godard, alors âgé de trente-sept ans, et d'Anne Wiazemsky, petite-fille de François Mauriac, âgée de vingt ans, sur le tournage de La Chinoise à Paris, en 1967. Une voix hors champ, en guise d'analepse, se fait promptement entendre, correspondant assurément à celle d'Anne Wiazemsky aujourd'hui : « Il était respecté dans le monde entier. La Nouvelle Vague, c'était lui. Jean-Luc Godard. » Dès lors, l'on sait que la narration de ces années de 1967 et de 1968 sera accomplie d'après l'examen d'Anne Wiazemsky - étant entendu que le réalisateur s'est largement inspiré d'un des romans de cette dernière, Un an après.


© PHILIPPE AUBRY - LES COMPAGNONS DU CINÉMA


Leur idylle aussi bourgeoise que malicieuse, bientôt mêlée au climat séditieux de mai 68, mène à l'éclat des paradoxes qui animent Jean-Luc Godard - conditionné par son éducation et son milieu bourgeois mais indéniablement attiré par le maoïsme - et, corollairement, à la déconvenue de leur hymen.


© PHILIPPE AUBRY - LES COMPAGNONS DU CINÉMA


Film en compétition au Festival de Cannes 2017, ce long-métrage ménage une entrevue réussie avec Jean-Luc Godard, cinéaste aussi révéré qu'exécrable en tant qu'individu. Son entourage choisi et son environnement esthétique - aussi bien à Paris qu'à Cannes, en passant par Rome - ne sont pas en reste et la mise en scène hyperbolique, loin de les discréditer, les embaume de légèreté. Les railleries du réalisateur, de plus en plus facétieux , croissent par une courte séquence en négatif ainsi qu'une séquence sur la nudité, employé souvent illégitimement dans les milieux artistiques de ces dernières années, sans compter une séquence où le sous-titrage révèle le décalage, par le biais d'une conversation convenue entre Jean-Luc Godard et Anne Wiazemsky, entre ce qui est dit et ce qui est - ou pourrait être - véritablement pensé.


© PHILIPPE AUBRY - LES COMPAGNONS DU CINÉMA


Louis Garrel et Stacy Martin constituent, par ailleurs, de remarquables interprètes de Jean-Luc Godard et d'Anne Wiazemsky, dotés à la fois d'une complexité et d'une finesse psychologique, auquel contribue fortement Bérénice Bejo et Micha Lescot dans les rôles respectifs de Michèle Rosier, fille d'Hélène Lazareff, et de Jean-Pierre Gamberger, ami le plus proche de Gilles Deleuze.


Malgré quelques longueurs, ce pastiche godardien, aussi raffiné qu'espiègle, constellé de renvois littéraires et cinématographiques, nous remémore de manière réjouissante que le cinéma fabrique des souvenirs. ★★★★☆


Le Redoutable – réalisé par Michel Hazanavicius – 1h47min – Version originale en français - sortie officielle le 13 septembre 2017.


Bande-annonce officielle :

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