top of page

UNE FEMME FANTASTIQUE


Une Femme fantastique

© AD VITAM

Premières images proleptiques - ainsi, déroutantes, quoique véritablement éblouissantes - des chutes d'Iguazú.

L'on s'adonne, par la suite, sans transition aucune, à la filature d'un homme dont l'on ne connaît encore rien et à sa rencontre avec une jeune femme, à Santiago, au Chili. Les vingt ans d'écart entre Orlando Onetto et Marina Vidal ne semblent nullement altérer l'épanouissement de leur couple. Lors de l'anniversaire de cette dernière, Orlando lui offre d'ailleurs un voyage en sa compagnie aux chutes d'Iguazú. Néanmoins, la nuit suivant leur soirée, Orlando se trouve mal et malgré une arrivée prompte en clinique, il décède à l'âge de cinquante-sept ans.


Son trépas contraint Marina Vidal à rencontrer, presque un à un, les membres de la famille d'Orlando et à essuyer leur regard intransigeant, sinon inflexible - hormis celui de Gabo, frère d'Orlando -, outre le regard malveillant de la police à son égard, en raison de sa transsexualité.


© AD VITAM


Récompensé en tant que meilleur scénario dans la catégorie de l'Ours d'argent au Festival International du film de Berlin 2017 ainsi que Prix de la Jeunesse et Grand Prix du Festival du Film de Cabourg 2017, ce long-métrage est un véritable saisissement. Le réalisateur parvient, avec brio, aussi bien à nous bouleverser à l'égard de cette femme, incarnation de la réprouvée, qu'à nous insurger en sa faveur. Témoin cette scène insoutenable où le fils d'Orlando et deux de ses complices, à bord d'une voiture, l'invective tandis qu'elle essaye de fuir afin d'éviter tout problème et où, après l'avoir contrainte à monter dans le véhicule, ils la violentent autant physiquement que verbalement.


La bravoure et la droiture dont elle fait preuve à chaque instant accroissent l'estime que l'on entretient à son égard, la rendant admirable. Toutefois, l'on est également touché lorsqu'elle épanche sa peine auprès de son professeur de chant, si bon, et l'on se délecte aisément de ce moment de tendresse que l'on souhaiterait infini.


Le thème de la mort d'un être cher, abordé tout en pudeur, sert, ici, au rejet de la différence et de l'exclusion d'une transsexuelle - excellemment interprétée par Daniela Vega, actrice elle-même transsexuelle -, sans cesse bafouée, du fait d'une norme instaurée et pleinement assimilée. En rendant cette femme à la fois vulnérable et téméraire, profondément généreuse mais terriblement outragée, le réalisateur nous fait luire combien nous pouvons être cruel. Il nous entraîne ainsi à faire acte d'altérité et à laver, et notre regard et notre cœur, d'humanité pour contempler, plutôt qu'une abjection ou, au mieux une victime, une héroïne. ★★★★☆


Une Femme fantastique – réalisé par Sebastián Lelio – 1h44min – Version originale en espagnol - sortie officielle le 12 juillet 2017.


Bande-annonce officielle :

PARTAGER Cette critique :
  • Facebook B&W
  • Twitter B&W
  • Instagram B&W
critiques récentes :
RECHERCHE PAR CATEGORIE
bottom of page