AVA
- Eleanor Labbat
- 24 juin 2017
- 2 min de lecture

Ava
© BAC FILMS
Première image chatoyante, restant un petit moment à l'écran : une plage inondée d'estivants profitant des rayons du soleil et de la mer. Lui succède la filature - par le spectateur lui-même - d'un chien noir, telle une ombre, qui finit par s'arrêter au-dessus d'Ava, jeune fille de treize ans, sommeillant, étendue sur un ponton, afin de manger sa barquette de frites. Bientôt prénommé Lupo par cette dernière, en raison de sa ressemblance avec un loup, il fera à la fois office de compagnon et de guide.
L'on découvre peu à peu Ava, malgré la fugacité des dialogues, au fur et à mesure, et l'on apprend notamment qu'elle sera atteinte de cécité promptement. Un état qu'elle n'a d'autre choix que d'accepter et auquel elle tente de se préparer. Parallèlement, l'on saisit toute l'exaltation et toute la fureur auxquelles elle est en proie ainsi que tous les tourments qui la hantent. Elle en déverse les résidus sur sa mère, qu'elle trouve « médiocre » selon ses propres termes et sur sa petite sœur qu'elle ne supporte pas, à l'image des enfants en général. Par ailleurs, ses cauchemars sont d'une puissance et d'une brutalité marquantes.
Malgré cette noirceur, peut-être due en partie à l'absence de son père tenu dans l'ombre et dans le silence, persiste une inclination avide, cependant imperceptible, v ers l'amour.
Présenté à la Semaine de la Critique de Cannes 2017 et récompensé par le Prix de la Société des Auteurs et des Compositeurs Dramatiques (SACD), ce premier long-métrage est le lieu de la dissonance. Effectivement, une inversion singulière est à noter. Si le lieu extérieur, baigné de lumière, contraste avec les ténèbres intérieures d'Ava, c'est, à l'inverse, lorsque la vue de la jeune fille baisse qu'elle s'épanouit.
Par ailleurs, si la jeunesse est très souvent appréhendée comme le meilleur âge de la vie, la réalisatrice nous donne ici à voir le contraire avec une interprétation du personnage d'Ava - par Noée Abita - stupéfiante. Le fiel répandu par celle-ci sur son entourage fait écho à une détresse d'une profondeur impénétrable, véritablement percutante, que seul l'amour parviendra à guérir, sinon à adoucir. Effectivement, sa rencontre avec Juan, maître du chien noir Lupo, par ailleurs, jeune gitan rejeté de tous, sera déterminante.
« Je veux le sauver et être sauvée. », résonnent les mots du journal intime d'Ava.
Brassant des topoï - l'adolescence, le premier amour en vacances - à des scènes hardies et irrévérencieuses - nudisme, extravagance des cauchemars -, sans oublier la bande sonore s'avivant - danse d'Ava sémillante sur Sabali d'Amadou & Mariam -, ce long-métrage est, à cette image, traversé de véritables fulgurances, rencontrant toutefois trop tôt des flétrissures. En effet, les yeux s'ensablent vite durant le mariage dans la communauté gitane qui n'apporte rien à la diégèse.
L'on retiendra, malgré tout, une très esthétique illustration moderne de
« l'obscure clarté ». ★★★☆☆
Ava – réalisé par Léa Mysius – 1h45min – Version originale en français - sortie officielle le 21 juin 2017.
Bande-annonce officielle :
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