GLORY
Glory
© URBAN DISTRIBUTION
Tsanko Petrov, cantonnier vivant dans la misère. Julia Staykova, responsable du service des relations publiques du Ministère des Transports. Ces deux êtres, que rien ne prédispose à se rencontrer, verront toutefois leurs destins se lier étroitement. Effectivement, tandis que le premier effectue une journée de service ordinaire sous un soleil ardent, il trouve soudain amassées, en pleine voie ferrée, plusieurs liasses de billets de banque. Fort de son intégrité, il décide aussitôt de les livrer à l'Etat, lequel profite de cette aubaine pour alimenter ses manœuvres politiques en le proclamant héros national. Ayant reçu pour toute gratification, lors d'une cérémonie ubuesque, une montre insignifiante aux dépens de laquelle l'on lui a substitué sa montre à forte valeur sentimentale - dont la marque donne d'ailleurs son titre au film -, encadré d'un diplôme postiche et d'un bouquet de fleurs, cet homme rustique, dont tout l'amour est porté à ses lapins, s'engage alors dans une quête : récupérer sa montre. Si cette quête paraît aisée de prime abord, elle ne le sera finalement pas du tout et l'entraînera dans des tourbillons d'absurdité, d'indifférence, de rudoiement, sinon de violence - autant de miroirs de la société bulgare actuelle. En effet, l'on est peu à peu enlisé au cœur de manipulations gouvernementales et médiatiques, par le biais de ce cantonnier bègue, si peu lettré, pour lequel l'on éprouve toutefois de plus en plus de sympathie, à rebours de Julia Staykova pour laquelle l'on éprouve de plus en plus d'hostilité, sinon d'aversion.
Récompensé, à ce jour, par dix-huit prix - en passant, respectivement, par la Grèce, la Croatie, la Bulgarie, les Etats-Unis, la Belgique, la France, l'Espagne et l'Irlande -, ce troisième long-métrage est porté au pinacle par deux acteurs talentueux - Stefan Denolyubov, interprétant Tsanko Petrov et Margita Gosheva, interprétant Julia Staykova -, qui contribuent également et pleinement à le rendre aussi comique que tragique, dans la lignée de L'Autre côté de l'espoir d'Aki Kaurismäki. Si Tsanko Petrov est l'incarnation du dernier des hommes, tant par sa bestialité apparente que par sa trivialité, et se voit tantôt bafoué par l'Etat, tantôt rossé par ses pairs, l'on a de plus en plus envie de s'incliner devant lui avec respect et reconnaissance, jusqu'à comprendre la riposte de la scène finale. ★★★★☆
Glory – réalisé par Kristina Grozeva et par Petar Valchanov – 1h41min – Version originale en bulgare - sortie officielle le 19 avril 2017.
Bande-annonce officielle : http://www.commeaucinema.com/bandes-annonces/glory,354153-video-38539